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l’aventure au chant V. Ces deux princes avaient assassiné Montagne, chef du parti Gibelin. On voit par tout ceci qu’outre les villes occupées par les papes et les empereurs, et celles qui s’étaient formées en républiques, il y en avait beaucoup d’usurpées par des tyrans particuliers.

[7] C’étaient les armes de Pagan, maître de Faenza et d’Imola. Il passait du parti Gibelin au parti Guelfe, selon ses intérêts.

[8] La ville de Césenne étant située entre le mont et la plaine, on sent bien que ce ne sont pas ceux de la montagne qui étaient les esclaves.

[9] C’est Boniface VIII que le comte Guidon apostrophe ici, et qu’il appelle plus bas, prince des nouveaux Pharisiens. On connaît les longs démêlés de ce pape avec les princes Colonna : on sait avec quelle fureur il les persécuta, faisant raser leur palais, qui était près de Saint-Jean-de-Latran, publiant une croisade contre eux, et les poursuivant à main armée dans toutes les villes de leur domaine. Cette famille infortunée, à qui il ne restait plus que la ville de Préneste, aujourd’hui Palestrine, vint se jeter aux pieds de l’altier pontife, qui voulut bien leur pardonner, moyennant qu’on lui livrât Préneste pour garantie de leur soumission : à peine l’eut-il en sa puissance, qu’il la fit raser. Les Colonna, au désespoir, reprirent les armes, secondés par les Gibelins : mais ils furent malheureux ; et, dans la crainte de perdre la liberté, ils se retirèrent en France, chargés d’excommunications. Philippe le Bel, ennemi de Boniface, leur donna des secours. Tout le monde sait que Sciarra Colonna revint avec Nogaret souffleter le pontife, et le faire prisonnier dans Agnanie, ou Alagnie.

[10] Il fait allusion à ces Chrétiens qui ne profitèrent de la folie des croisades que pour faire un bon commerce avec les Turcs, et encore plus à ceux qui leur aidèrent à prendre Saint-Jean-d’Acre sur les Chrétiens mêmes.