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CHANT XXVII


ARGUMENT


Suite de la huitième vallée. — Aventure du comte Guidon, guerrier sans foi et conseiller sinistre.


Cette flamme avait reçu les dernières paroles de mon guide et fendait l’épaisse nuit, en s’éloignant de nous : mais une autre s’avançait auprès d’elle, dont j’admirais les mouvements et le confus murmure : elle rugissait comme jadis le taureau de Sicile [1], qui rendait en mugissements les cris des victimes renfermées dans son sein ; et par ce cruel artifice, que son auteur éprouva le premier, on vit l’airain animé par la douleur.

C’est ainsi que les plaintes du coupable, égarées dans les replis ondoyants de la flamme, s’échappaient en sons inarticulés ; mais enfin, elles s’ouvrirent un passage vers la cime étincelante, qui, pour les exprimer, se mouvait en langue de feu ; et j’entendis une voix humaine [2] :

— Ô toi, disait-elle, que vont chercher mes paroles, et dont j’ai reconnu le langage ; ne me refuse pas ton entretien, et daigne t’arrêter un moment ; tu vois que je m’arrête, moi qui brûle, et, s’il est vrai que tu sois tombé naguère des douces contrées de l’Italie, où j’ai