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que n’en pourraient nourrir les marécages de Toscane. Droit sur son dos, paraissait un dragon flamboyant aux ailes déployées, couvrant de feu tout ce qu’il rencontrait.

— Voilà Cacus, dit mon guide, lui qui remplit de tant de meurtres et de sang les roches du mont Aventin. Il ne tient pas la même route que ses frères [3], pour avoir détourné le grand troupeau d’Hercule : mais par ce vol il termina ses crimes et sa vie, rendant le dernier soupir aux premiers coups de l’immortelle massue.

Mon guide parlant ainsi, le Centaure passait outre ; et trois esprits, qui s’avançaient vers nous, auraient sans doute échappé à notre vue si l’un d’eux n’eût crié :

— Qui êtes-vous ?

Ce qui rompit notre entretien, et fit tomber nos regards sur eux.

Je les considérais sans les reconnaître, lorsqu’il arriva que l’un dit à l’autre :

— Où sera donc resté Cianfa [4] ?

Et soudain je portai mon doigt sur ma bouche, comme pour demander au sage un moment de silence.

Maintenant, lecteur, je permets que ta foi se refuse à ce que je vais dire, puisque le témoignage de mes yeux n’a pu me le persuader encore.

Les trois ombres étaient toujours devant moi, lorsqu’un serpent qui rampait sur six