la colline [3], ouvrit les bras ; et, après avoir considéré ces masses de débris d’une vue plus attentive, il me prit et me porta sur son sein ; ensuite, comme un sage qui agit et délibère à la fois, il marcha d’un pas mesuré, et me souleva sur la pointe d’un roc, cherchant de l’œil un autre appui, et me disant :
— C’est là qu’il faut te prendre ; mais vois d’abord s’il peut te soutenir.
Certes, ce n’étaient point ici des sentiers pour des malheureux vêtus de plomb, puisque l’ombre légère du poëte, et moi suspendu dans ses bras, nous gravissions de pointe en pointe avec tant de fatigue dans ces décombres ; et si ce côté ne m’eût offert des roches moins sourcilleuses, j’aurais succombé sans doute, et mon guide peut-être avec moi.
Mais comme de fossé en fossé un rempart s’élève et l’autre s’abaisse, les vallées maudites se penchent ainsi comme un vaste amphithéâtre et pèsent sur l’abîme creusé dans leur centre [4].
J’étendis enfin mes bras vers les derniers rocs qui hérissent le sommet de la côte ; et là, sans pouls et sans force, j’appuyai mon flanc hors d’haleine sur la pierre tranchante.
— Relève-toi, me cria le maître, et secoue ta mollesse ; car ce n’est point sur la plume et sous les courtines que la gloire t’attend, la gloire, sillon de lumière que l’homme doit laisser après lui, s’il n’a point glissé dans