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CHANT XXII


ARGUMENT


Suite de la cinquième vallée. — Prévaricateurs qui ont vendu les grâces et les emplois. — Combat de deux démons. — Passage à la sixième vallée.


J’ai vu les armées s’ébranler, les bataillons se déployer, se heurter et fuir en déroute : j’ai vu aux champs d’Arezzo [1] les escadrons légers se précipiter dans les plaines : j’ai entendu le choc des tournois et des joûtes guerrières, et les tambours et les trompettes, l’airain des temples et les signaux des villes, se mêler aux clairons toscans et aux instruments barbares : mais ni le bruit des batailles, ni le cri d’un navire à la vue du port ou des étoiles, n’ont rien qui ressemble au signal de la troupe infernale [2].

Nous suivions la maligne escorte des esprits : quels compagnons, ô ciel ! mais l’Église a ses saints, et la taverne ses suppôts [3].

J’avançais toutefois, sans perdre de vue la poix bouillante, afin de reconnaître les peuples qui s’en abreuvent à jamais ; et comme un pilote voit les dauphins dont les croupes nombreuses, se jouant dans les vagues, lui présagent la tempête : ainsi je voyais les dos recourbés des coupables, qui, pour alléger