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tié dans l’épaisseur de la terre ; que la montagne où Jésus-Christ mourut répondait perpendiculairement à sa tête, et la montagne du Purgatoire à la plante de ses pieds ; enfin, que le centre de son corps était le centre du monde. Et voilà comment Dante expliquait des erreurs par des fables.

[8] Le texte porte que cette issue était éloignée de Lucifer de toute la grandeur de la tombe. Comme cette tombe n’a pas encore été nommée, on ne peut dire ce que c’est ; à moins que le poëte ne désigne le dernier cercle même de l’Enfer, où Satan est enseveli, et qu’on peut considérer comme une tombe sphérique, ayant deux ouvertures : celle par où les deux voyageurs sont arrivés (c’est le puits des Géants), et l’autre l’issue même par où ils s’échappent. Le poëte semble favoriser cette explication en disant plus haut qu’il foule les voûtes opposées au cercle de Judas. On voit que, s’il a mis environ trente-six heures à la revue de l’Enfer, il n’en met guère plus de trois à quatre pour le retour, puisque rien ne l’arrête plus en chemin. Un temps si court prouve qu’il ne croyait pas d’avoir quinze cents lieues à faire en droite ligne, du centre à la surface du globe. Mais qu’importent ces détails et ces mesures scrupuleuses dans une description locale, toute d’imagination ? Dante, pressé de sortir, échafaude comme il peut ses machines, et le lecteur doit partager son impatience.

Quoi qu’il en soit de ce poëme, si la traduction qu’on en donne est lue, on ne verra plus deux nations polies s’accuser mutuellement, l’une de charlatanisme pour avoir trop vanté Dante, et l’autre d’impuissance pour ne l’avoir jamais traduit.