Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dante a jugé ces stoïciens farouches d’après Plutarque : le faux enthousiasme d’une liberté qui n’existait plus les égara ; ils ne virent point que Rome n’avait plus le choix d’un maître, et que César était le médecin doux et bénin que les dieux avaient donné à l’empire malade : en le massacrant sans fruit pour la république, ils ne furent que deux meurtriers ; le premier d’un père, et l’autre d’un bienfaiteur. Le poëte donne à Cassius l’épithète d’énorme, parce qu’il était en effet d’un forte complexion.

[6] Le texte porte que le soleil remonte à mezza terza. Pour entendre ceci, il faut bien connaître la division de la journée en Italie. Le soleil fait terza dans la première partie de la matinée, sesta dans la seconde, nona dans la troisième, et il arrive à son méridien : il en descend et fait mezzo vespro dans la première portion de l’après-midi, vespro dans la suivante, etc. Mezza terza, qui est l’heure dont il s’agit ici, sonne avant terza, c’est-à-dire avant le lever du soleil : c’est l’instant où les boutiques s’ouvrent, et où les travaux commencent. On sent bien que ces divisions varient de l’été à l’hiver, suivant la longueur et la brièveté des jours. C’est ainsi que, quoique une heure d’hiver soit égale à une heure d’été, une matinée d’été est plus longue qu’une matinée d’hiver. Je ne parlerai pas des horloges d’Italie, ni de la manière dont on y compte les heures ; mais j’observerai que c’est l’Église qui a déterminé cette manière de diviser le jour par tierce, sexte, none, etc.

Virgile eût mieux fait sans doute de parler en poëte que de désigner le point du jour par une expression populaire : mezza terza lui devait être aussi inconnu que le coup de l’Angelus. Mais Dante, qui n’observe aucune convenance, le fait parler en homme du peuple, d’un bout de l’Enfer à l’autre : il en fait quelquefois un petit théologien fort déterminé, et plus souvent un bon homme à proverbes et à sentences. On peut voir au haut de la page 75 du vingt-sixième chant, comment il le fait discourir en patois lom-