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NOTES SUR LE TRENTE-QUATRIÈME CHANT


[1] Dante a cru donner une véritable parure à ce dernier chant, en débutant par le premier vers du Vexilla regis, hymne que l’Église chante dans la semaine sainte.

[2] Ce silence qui règne au milieu de tant de maux ; ce calme déchirant d’une douleur immodérée qui ne peut se manifester ; ce repos de mort où paraissent languir les premières victimes de l’Enfer : voilà le dernier coup de pinceau par lequel le poëte a voulu terminer son grand tableau. Trente chants ont été employés en dialogues, en plaintes et en gémissements : la douleur s’est fait entendre par tous ses langages ; elle s’est montrée sous toutes ses formes, et la variété de tant de dessins a été comme soumise à un seul ton de couleur. Mais ici, par un grand contraste, tout est muet. Les coupables, cachés dans l’épaisseur de la glace, luttent sourdement contre leurs souffrances, et le mal est à la racine de l’âme. Satan lui-même, centre des crimes et des tourments, n’est plus l’ange de Milton, brillant de jeunesse et d’orgueil, et disputant avec Dieu de l’empire du monde : c’est un malheureux vaincu, tombé après six mille ans de tortures et de captivité, dans l’abrutissement du désespoir.

Il faut avouer que cette grande et belle imagination est entourée de plus de bizarreries, que le poëte n’en a semé déjà dans le reste de son poëme. Il est triste de voir trois visages à Lucifer, de le voir mâcher trois coupables, de voir Dante et Virgile s’accrocher à ses poils pour sortir de l’Enfer, etc., etc.

[3] Dante a eu tort de vouloir calculer les dimensions de Satan ; il fallait plutôt lui laisser cette taille