CHANT XXXII
Premier giron dit de Caïn, où sont punis les parricides et traîtres
envers les parents. Passage au second giron dit d’Anténor, où se
trouvent les traîtres à la patrie.
Si je pouvais, par des sons plus âpres et plus durs, former l’effrayante harmonie que demanderait ce gouffre central, dernier support de tous les gouffres, j’enflerais mes conceptions et ma voix : mais, puisqu’elle m’est refusée, je ne commencerai pas sans frémir ; car ce n’est point un frivole dessein, ou l’apprentissage d’une langue au berceau, que de poser la base des Enfers et du monde [1]. Puissent donc ces vierges sacrées, qui donnèrent aux accords d’Amphion la force d’élever les murs de Thèbes, attacher à mes vers toute la terreur du sujet !
Ô race proscrite entre toutes les races, et dévolue au séjour dont il m’est si dur de parler, mieux eût valu pour vous la condition de la bête [2] !
Déjà nous étions loin des pieds du géant, et j’avançais au fond du cercle obscur, les yeux toujours attachés à la haute muraille du puits.
— Regarde, me dit-on alors, où tu poses le