Page:Dante - L’Enfer, t. 2, trad. Rivarol, 1867.djvu/120

Cette page n’a pas encore été corrigée


CHANT XXXI


ARGUMENT


Neuvième cercle de l’Enfer, partagé en quatre girons où sont punis tous les genres de traîtrise. — Les géants bordent le neuvième cercle.


La même bouche qui d’un mot avait causé mon abattement et ma honte daigna me ranimer encore, et dissiper la rougeur de mon front : c’est ainsi que la lance d’Achille, instrument de vie et de mort, frappait et guérissait tour à tour [1].

Nous laissions enfin la dernière des vallées maudites, et nous traversions pas à pas et en silence le dernier rempart qui l’environne.

Sur ces hauteurs régnait un perpétuel combat de la nuit et du jour, et mes regards me précédaient à peine dans ce douteux mélange de la lumière et des ombres, quand tout à coup j’entendis un cor retentissant, dont le son eût étouffé tout autre son, et qui, s’enflant de plus en plus sous ces voûtes profondes, attirait à lui nos yeux et nos pensées. Ce n’est point ainsi que sonna le terrible Roland, dans la journée où Charlemagne perdit ses Paladins [2].

En dirigeant mon œil vers ces lointains, je crus entrevoir les sommets de plusieurs grandes tours.