Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée


NOTES SUR LE SIXIÈME CHANT


[1] L’image de Cerbère, et la description du supplice dégoûtant que subit la gourmandise, conviennent très bien à cette passion grossière. Virgile ne traite pas ici le chien des enfers avec autant de distinction que dans son Énéide. Il faut observer que Dante nomme Cerbère grand ver ; et que, pour faire supporter cette expression, je l’ai agrandie en la généralisant. Reptile énorme satisfait l’imagination, et ne s’écarte point du texte.

[2] C’était un homme fameux par son goût pour la bonne chère. Après avoir dissipé sa fortune, il usa de celle des autres, et passa pour un joyeux convive. On lui donna le surnom de Ciacco, expression florentine qui revient à celle de pourceau. (Epicuri de grege porcus.)

[3] Florence était alors toute Guelfe, c’est-à-dire dévouée au Pape. Ce parti s’étant lui-même divisé en Noirs et Blancs, la République se trouva en danger, ce qui fit qu’on exila les chefs des deux factions ; mais les Blancs, qui prévalaient, abusant de leur triomphe, les Noirs députèrent secrètement à Boniface VIII, pour lui demander quelque prince de la maison royale qui rétablît l’ordre à Florence. Le Pape leur donna Charles de Valois, et ce prince remit d’abord la paix dans l’État : mais bientôt, gagné par les Noirs, il rappela de l’exil les chefs de leur faction. Alors ceux-ci triomphèrent à leur tour, et chassèrent les Blancs, qui se joignirent aux Gibelins dont l’Italie était pleine. Dante fut enveloppé dans leur disgrâce, et suivit comme eux la fortune des Gibelins.

[4] On ne sait quels sont ces deux hommes justes que Ciacco désigne ici.