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gère, mes illustres guides passèrent par sept entrées diverses [3], et je les suivis dans des prairies verdoyantes. Elles étaient peuplées de grands personnages dont le front calme et le regard serein respiraient la dignité ; leur démarche était grave, et le silence qui régnait autour d’eux était à peine interrompu de quelques paroles harmonieuses.

Pour les mieux contempler, nous montâmes sur une colline dont le sommet brillait d’une verdure plus vive et d’un éclat plus pur ; et c’est de là que je rassasiai mes yeux du spectacle de ces grandes ombres, dont le souvenir me jette encore dans le ravissement.

Je vis Électre [4] ; et parmi ses nombreux descendants, je reconnus Hector, Énée, et César tout armé, qui roulait des yeux étincelants. Plus loin étaient Camille, Pentésilée, et Lavinie, assise à côté de son père. Là, paraissait Brutus, qui chassa Tarquin ; ensuite Lucrèce, Julie, Martia et Cornélie : mais Saladin se promenait seul à l’écart.

Levant mes yeux plus haut, j’aperçus le premier des sages au milieu des nombreux enfants que la philosophie lui a donnés, et recevant sans cesse le tribut de leurs adorations [5]. Socrate et Platon occupaient les premiers degrés après lui : au dessous, je voyais Démocrite, qui livre l’univers au hasard : Diogène, Anaxagore et Thalès ; Empédocle, Héraclite et Zénon : je voyais Orphée, Linus