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CHANT IV


ARGUMENT

Dante se réveille au delà du fleuve, sur le bord des limbes qui forment le premier cercle des Enfers. — Il y voit les enfants morts sans baptême et les hommes qui n’ont suivi que la loi naturelle.


La voix lugubre de la foudre rompit ce long assoupissement, et je me relevai dans l’agitation d’un homme qu’on éveille en sursaut. Rien n’arrêtait encore ma vue errante ; mais, en fixant plus attentivement ces lieux, il se trouva que j’étais penché sur le bord de l’abîme, d’où le bruit sourd et confus des gémissements et des pleurs remontait jusqu’à moi.

La bouche de l’abîme était vaste, profonde et si ténébreuse, que j’enfonçais mon regard dans son centre sans y rien distinguer.

— Or, descendons, il est temps, dans cet empire de la nuit et de la douleur, me dit mon guide pâlissant.

Et moi qui vis son trouble :

— Comment pourrai-je vous suivre si vous, qui souteniez ma vertu, partagez mon effroi ?

Il me répondit :

— Les souffrances de tant d’êtres à jamais perdus dans ces gouffres troublent mon visage