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mentateurs, la luxure, l’ambition et l’avarice, c’est-à-dire les passions de la jeunesse, de l’âge mûr et de la vieillesse. Mais peut-être que ce triple emblème ne regarde que la cour de Rome, qui, pour asservir l’Italie, était tour à tour panthère séduisante, lionne superbe ou avare louve, et s’alliait, suivant ses intérêts, aux différentes puissances.

Les commentateurs ont cru que le poëte avait quelque envie de la peau de la panthère : c’est la construction équivoque de la phrase qui a donné jour à ce mauvais sens, lequel se trouve encore fortifié par un passage du seizième Chant, note 8 ; mais je n’ai pas cru qu’il fallût prêter des bizarreries à Dante. Il serait en effet trop ridicule de lui faire dire que la beauté du printemps et de la matinée lui a donné l’idée d’écorcher une panthère. Je m’arrêterai rarement sur les difficultés du texte ; il s’en présente trop souvent pour fatiguer les lecteurs de leur multitude. Ceux qui liront l’original devineront sur la traduction les idées qui ont déterminé le choix d’un sens plutôt que d’un autre.

[5] Virgile dit mot à mot : Je naquis à Mantoue d’une famille lombarde ; c’est comme si Homère disait : je suis né d’une famille turque. Il paraît d’ailleurs fort instruit de la situation actuelle de l’Italie. Ce sont là de grandes fautes ; mais Dante voulait apprendre à toute l’Italie que Virgile était son poëte par excellence, et que, seul de tous ses contemporains, il était capable de suivre les traces de ce grand homme : il a tout sacrifié à cette idée, dont il était préoccupé. C’est ainsi que, dans les mystères qu’on jouait autrefois, David et Salomon disent leur benedicite avant de se mettre à table ; et dans la Cène peinte par Jean de Bruges, on voit au milieu du festin le riche prieur qui avait ordonné le tableau et payé le peintre.

[6] Le lévrier généreux qui doit repousser le monstre est Can de l’Escale, prince de Vérone, dont il est