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que tu entendras les cris du désespoir qui invoque une seconde mort ; et que tu contempleras, dans leurs antiques douleurs, les premiers enfants du ciel [8] ; tu y verras encore les âmes heureuses, au milieu des flammes, par l’espérance d’être un jour citoyennes des cieux. Mais si tu veux t’élever ensuite à ce séjour de gloire, je t’abandonnerai à des mains plus dignes de te conduire [9] ; car le chef de la nature me défend à jamais l’approche de son domaine, pour avoir méconnu sa loi. Souverain maître des mondes, c’est là qu’il règne ; il a posé son trône dans ces lieux, et ils sont devenus son héritage. Heureux ceux qu’il y rassemble sous ses ailes !

— Ô grand poëte ! m’écriai-je, je vous conjure, par le Dieu qui vous fut inconnu, de me guider vers ces royaumes de la mort ; et pour que je me dérobe à des malheurs sans terme, faites aussi que j’entrevoie les portes confiées au prince des apôtres.

Aussitôt le fantôme s’avança, et je marchai sur ses traces [10].