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Dante. Sa patrie lui éleva des monuments, et envoya, par décret du Sénat, une députation à un de ses petits-fils, qui refusa d’entrer dans la maison et les biens de son aïeul. Trois papes ont depuis accepté la dédicace de la Divina Comedia, et ont fondé des chaires pour expliquer les oracles de cette obscure divinité[1].

Les longs commentaires n’ont pas éclairci les difficultés, la foule des commentateurs n’ayant vu partout que la théologie ; mais ils auraient dû voir aussi la mythologie, car le poëte les a mêlées. Ils veulent tous absolument que Dante soit la partie animale, ou les sens ; Virgile, la philosophie morale, ou la simple raison ; et Béatrix, la lumière révélée, ou la théologie. Ainsi l’homme grossier, représenté par Dante, après s’être égaré dans une forêt obscure, qui signifie, suivant eux, les orages de la jeunesse, est ramené par la raison à la connaissance des vices et des peines qu’ils méritent, c’est-à-dire aux Enfers et au Purgatoire : mais quand il se présente aux portes du Ciel, Béatrix se montre et Vir-

  1. Dante n’a pas donné le nom de comédie aux trois grandes parties de son poëme, parce qu’il finit d’une manière heureuse, ayant le Paradis pour dénoument, ainsi que l’ont cru les commentateurs : mais parce qu’ayant honoré l’Enéide du nom d’alta tragedia, il a voulu prendre un titre plus humble, qui convînt mieux au style qu’il emploie, si différent en effet de celui de son maître.