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passé le point central de la terre, qu’ils tournent transversalement sur eux-mêmes, et la tête se trouvant où étaient les pieds, ils montent au lieu de descendre. Arrivés à l’hémisphère qui répond au nôtre, ils découvrent un nouveau ciel et d’autres étoiles. Le poëte profite de l’idée où on était alors, qu’il n’y avait pas d’antipodes, pour y placer le Purgatoire.

C’est une colline dont le sommet se perd dans le ciel, et qui peut avoir en hauteur ce qu’a l’Enfer en profondeur. Les deux poëtes s’élèvent de division en division et des punitions qui deviennent toujours plus de clartés en clartés, trouvant sans cesse légères. Le lecteur s’élève et respire avec eux : il entend partout le langage consolant de l’espérance, et ce langage se sent de plus en plus du voisinage des Cieux. La colline est enfin couronnée par le Paradis terrestre : c’est là que Béatrix paraît, et que Virgile abandonne Dante.

Alors il monte avec elle de sphère en sphère, de vertus en vertus, par toutes les nuances du bonheur et de la gloire, jusque dans les splendeurs du Ciel empyrée ; et Béatrix l’introduit au pied du trône de l’Éternel.

Étrange et admirable entreprise ! Remonter du dernier gouffre des Enfers jusqu’au sublime sanctuaire des Cieux, em-