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de sa patrie ; qu’ensuite, exilé par des citoyens ingrats, il soit réduit à traîner une vie errante, et à mendier les secours de quelques petits souverains : il est évident que les malheurs de son siècle et ses propres infortunes feront sur lui des impressions profondes, et le disposeront à des conceptions mélancoliques ou terribles.

Tel fut Dante, qui conçut dans l’exil son poëme de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis, embrassant dans son plan les trois règnes de la vie future, et s’attirant toute l’attention d’un siècle où on ne parlait que du jugement dernier, de la fin de ce monde et de l’avénement d’un autre.

Il y a deux grands acteurs dans ce poëme : Béatrix, cette maîtresse tant pleurée, qui doit lui montrer le Paradis, et Virgile, son poëte par excellence, qui doit le guider aux Enfers et au Purgatoire.

Il descend donc aux Enfers sur les pas de Virgile, pour s’y entretenir avec les ombres des papes, des empereurs et des autres personnages du temps, sur les malheurs de l’Italie, et particulièrement de Florence ; ce n’est qu’en passant qu’il touche aux questions de la vie future dont le monde s’occupait alors.

Comme il savait tout ce qu’on pouvait savoir de son temps, il met à profit les erreurs de la géographie, de l’astronomie