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aux empereurs, et l’autre des Guelfes[1], qui soutenait les prétentions des papes. Il y avait plus de soixante ans que les Césars allemands n’avaient mis le pied en Italie, quand Dante entra dans les affaires ; et cette absence avait prodigieusement affaibli leur parti. Les papes avaient toujours eu l’adresse de leur susciter des embarras dans l’empire, et de leur opposer les rois de France : de sorte que les empereurs, ne venant à Rome que pour punir un pontife, ou imposer des tributs aux villes coupables, revolaient aussitôt en Allemagne pour apaiser les troubles ; et l’Italie leur échappait. Leur malheur fut, dans tous les temps, de ne pas demeurer à Rome : elle serait devenue la capitale de leurs États, et les papes auraient été soumis sous l’œil du maître.

Au treizième siècle, la république de Florence était entièrement Guelfe, et s’il y avait quelques Gibelins parmi ses habitants, ils se tenaient cachés : mais ils dominaient ailleurs, et on se battait fréquemment. Dante, dont les aïeux avaient été Guelfes,

  1. Il serait difficile de faire des recherches satisfaisantes sur l’origine de ces factions et du nom singulier qu’on leur donna : l’histoire n’offre que des incertitudes là-dessus. On trouve seulement que, dès le dixième siècle, l’Italie, remplie d’armées allemandes, et prenant parti pour ou contre, s’accoutumait à ces dénominations de Guelfes et de Gibelins.