Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/186

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qui cédait à ses mouvements effleurait à peine mon visage.

Cependant le fracas de l’onde, qui se brise et rebondit sur la pierre, accablait ma tête éperdue [10] ; j’osai me pencher et regarder au-dessous de moi, et je reconnus, en frémissant, la vaste enceinte où nous descendions : des spectacles inconnus passaient tour à tour sous mes yeux ; et la lueur des flammes, et les gémissements qui s’élevaient de toute part, troublaient de plus en plus mes sens consternés.

Enfin Gérion s’abattit au pied des rocs décharnés qui pressent le fond du gouffre, et, libre de son double fardeau, s’élança loin de nous comme un trait léger. Ainsi le faucon, las de planer sans fruit dans les nues, revient aux yeux étonnés du chasseur, qui lui crie : « Eh quoi, tu descends ! » L’oiseau confus décrit rapidement un immense détour, et va s’abattre loin de son maître indigné.