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CHANT XV


ARGUMENT


Suite du troisième donjon. — Supplice des violents contre nature, c’est-à-dire des sodomistes. — Entretien de Dante et de son précepteur.


Les solides bords du ruisseau nous élevaient au-dessus de la plaine sablonneuse, et l’humide atmosphère qui les environne nous protégeait contre les dards enflammés. Ces bords étaient pareils aux digues que la Flandre oppose aux assauts de l’Océan, ou tels que ces longs remparts qui répriment le cours de la Brenta, lorsqu’enflée du tribut des neiges elle menace les champs de Padoue : mais la main qui avait affermi les digues du ruisseau leur avait donné moins de force et de hauteur.

Déjà, la forêt plus lointaine se dérobait à nos regards, lorsque nous aperçûmes des ombres qui venaient vers nous en côtoyant notre route.

Chacune d’elles nous regardait avec une attention pénible et clignotait, comme le vieillard qui tient un fil sous ses doigts tremblants et ne peut le joindre à l’aiguille trop déliée ; ou comme, aux approches de la nuit, quand la lune trop jeune fatigue nos yeux de