Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

le théâtre des premiers événements du monde. Ce vieux géant est le Temps, qui n’a d’existence que celle que lui donne l’histoire dans le souvenir des hommes ; il tourne le dos à Damiette, c’est-à-dire à l’Orient, où se sont passées les premières révolutions du globe, et où les anciennes monarchies des Mèdes et des Grecs ont occupé jadis son attention ; il regarde Rome, qui est devenue le centre de tout, et qui a donné à l’Occident l’empire qu’a perdu l’Orient. Les différents métaux qui composent ce colosse désignent les époques ou les âges connus sous les noms de siècle d’or, d’argent, d’airain et de fer. Le pied d’argile, qui porte le corps entier, est le siècle même où vivait l’auteur ; et c’est toujours le mauvais temps que celui où l’on existe. Les crevasses dont la tête, c’est-à-dire l’âge d’or, est seule exceptée, représentent les secousses et les catastrophes que les crimes des hommes ont causées au monde ; elles sont assez nombreuses et fournissent assez de larmes pour former les fleuves qui arrosent les Enfers, et qui sont ainsi le résultat des pleurs et des crimes de chaque siècle.

[6] Dante donne ici une idée fort claire de son voyage et de son Enfer. Il y a dix grandes enceintes qui le partagent ; il ne voit, en descendant de l’un à l’autre, que la dixième partie de chacune : il sera donc au dernier cercle, c’est-à-dire au centre du globe, quand il aura parcouru la valeur d’un cercle entier.

[7] Il veut dire le Purgatoire.