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front superbe n’a point fléchi sous des torrents de feu ?

Cette ombre m’entendit, et me cria :

— Tel je fus sous les cieux, tel je suis aux Enfers : que Jupiter irrité foudroie encore ma tête ; il appellera Vulcain à son aide, ainsi qu’aux champs de Thessalie ; il lassera les noirs Cyclopes, et m’environnera de ses tonnerres ; et moi, je braverai toujours sa vengeance [3].

Alors mon guide éleva la voix, telle que je ne l’avais point encore entendue :

— Ô Capanée, s’écria-t-il, tes peines s’accroissent de ton indomptable orgueil ; et ton cœur obstiné a trouvé dans ses fureurs des tortures dignes de lui.

Ensuite, se tournant vers moi :

— Voilà, me dit-il d’un ton plus calme, un des sept rois qui assiégèrent Thèbes : il méprisa le Ciel et paraît le mépriser encore ; mais tu viens de l’entendre, il a trouvé dans son fol orgueil un assez cruel vengeur. Maintenant suis mes pas sur les bords de la forêt, et garde-toi d’avancer dans les sables ardents.

Je le suivis en silence vers un ruisseau qui sortait de la forêt, et fuyait dans les sables. Je ne me rappelle point sans frissonner ses flots rougissants, tels que les eaux thermales de Viterbe, dont la débauche arrose ses réduits [4]. Le ruisseau coulait sur un fond de pierre, et ses bords nous offraient une voie large et solide. Mon guide me dit :