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CHANT XIII


ARGUMENT


Deuxième donjon, où sont punis les violents contre eux-mêmes, tant les suicidés que ceux qui se font tuer. — Description de leur supplice. Les harpies et les chiennes noires, double emblème des peines qui donnent le dégoût de la vie.


Le Centaure ne touchait pas encore l’autre bord, et déjà nous pénétrions dans une forêt où l’œil n’apercevait les vestiges d’aucun sentier ; mais où des troncs sans verdure et sans fruits, couverts de feuilles noirâtres, étendaient leurs bras tortueux, hérissés de noeuds difformes et d’épines empoisonnées : tels ne sont point encore ces bois hideux où se plaît la bête sauvage, près des rives de Cécine [1].

Les harpies, dont les tristes oracles précipitèrent la fuite des Troyens, voltigeaient sur ces rameaux impurs : je voyais ces monstres à visage humain, déployant sous leurs vastes ailes un corps velu et des griffes aiguës et répétant sans cesse leurs cris mélancoliques.

— Avant de pénétrer plus loin, me dit le sage, apprends que nous sommes à la seconde enceinte, et que tu la quitteras pour entrer dans les sables brûlants : ouvre les yeux, et tu verras ici ce que tu ne pourrais croire sur ma parole.