Page:Dante - L’Enfer, t. 1, trad. Rivarol, 1867.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

noir est d’Ezzelin [9] ; l’autre à cheveux blonds est d’Obizo d’Est [10],

qui périt par les mains de son fils.

À ces mots, je regardai le poëte, qui me dit :

— Écoute Nessus, car je ne parlerai qu’après lui.

Je vis alors le Centaure s’arrêter devant des coupables qui avaient la tête entière hors du fleuve ; il nous montra une ombre à l’écart et nous dit [11] :

— Celle-ci a percé aux pieds des autels le cœur que la Tamise honore.

Ensuite parurent de nouveaux réprouvés : j’en reconnus un grand nombre. L’onde bouillante flottait autour de leurs reins ; et ce fleuve décroissant peu à peu, le sang baignait peu à peu les pieds des autres coupables.

— Ainsi que tu vois, me dit le Centaure, les ondes s’abaisser ici, de même elles s’élèvent et croissent en profondeur vers l’hémisphère opposé, où la tyrannie gémit sous leur poids. C’est là que l’inexorable vengeance retient Attila, fléau du monde ; là sont Pyrrhus [12] et Sextus [13] : c’est là que les deux Renier [14], qui versèrent le sang de tant de voyageurs, mêlent à des flots de sang des larmes éternelles.

Après ces paroles, Nessus nous laisse sur le rivage, et se rejette dans le lit du fleuve.