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NOTES SUR LE DIXIÈME CHANT


[1] Farinat, un de ceux dont le poëte a demandé des nouvelles à Ciacco dans le VIe chant. Il était de la famille des Uberti et avait joué le plus grand rôle dans la faction Gibeline ; on l’accusait d’épicuréisme. Il mourut au moment où Dante entrait dans les affaires.

[2] C’est Cavalcante, d’une illustre famille, accusé aussi d’épicuréisme. Il fut père de Guido, poëte un peu froid et sentencieux ; à quoi Dante fait allusion, en disant que Virgile ne le conduit pas. Guido mourut en 1300 à Florence. Il avait épousé la fille de Farinat.

[3] Cinquante mois lunaires ou deux ans avant son exil. Le poëte donne ainsi l’époque où il est censé qu’il fit sa descente aux Enfers. Il la donne plus clairement encore ailleurs. Il suppose ici, comme les anciens, que la lune était l’astre des Enfers ; ce qui est difficile à concevoir, l’Enfer étant creusé dans le centre de la terre. Mais ceci tient à de vieilles erreurs de physique et d’astronomie. On avait d’abord cru que la terre était plate, et qu’il n’y avait d’étoiles que sur nos têtes : le soleil se couchait tous les soirs dans la mer, et il régnait sous la terre des ténèbres infinies, qui sont peut-être ces ténèbres cimmériennes dont parle Homère. La lune passait seule sous nos pieds, et allait éclairer les Enfers de sa faible lumière : les morts étaient donc nos vrais antipodes, et ils comptaient par lunaisons. C’est ainsi que l’antiquité voulait, à force d’erreurs, se faire un corps de doctrine ; et comme le champ de l’erreur est vaste, on sacrifiait beaucoup de vérités pour obtenir un peu de vraisemblance. Mais Dante, ayant caché son Enfer dans les entrailles de la terre, n’a pu le faire éclairer par la