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tre. Ce n’est point en effet la sensation que fait aujourd’hui le style de Dante en Italie, qu’il s’agit de rendre, mais la sensation qu’il fit autrefois. Si le Roman de la Rose avait les beautés du poëme de l’Enfer, croit-on que les étrangers s’amuseraient à le traduire en vieux langage afin d’avoir ensuite autant de peine à le déchiffrer que nous ? »

Comme on le verra ci-dessous, nous avons conservé de Rivarol le discours préliminaire où il raconte la vie et apprécie les ouvrages de Dante. Mais il y a un proverbe français qui nous recommande de ne pas entendre une seule cloche ; la colossale renommée du poëte florentin n’a pas été si universellement consacrée qu’il ne se soit trouvé de ci de là quelques notes discordantes dans le concert admiratif que les siècles ont successivement donné à cette glorieuse personnalité. Ce n’est pas d’aujourd’hui que les caudataires des théocraties viennent déposer leurs vilenies le long des impérissables monuments où l’on brûle volontiers ce qu’ils adorent et où l’on adore ce qu’ils brûlent ou voudraient brûler. Bornons-nous cependant à deux citations significatives. L’honnête et naïf Moreri, en