CHANT VII
Quatrième cercle, dans lequel Pluton ou Plutus, emblème des richesses,
veille sur les avares et les prodigues. — Description de leurs
supplices. — Entretien sur la Fortune. — Passage au cinquième cercle où
les vindicatifs sont plongés dans le Styx.
« Satan ! Satan ! » s’écria Pluton d’une voix enrouée [1] ; mais le sage, pour qui la nature fut sans voiles, me dit :
— Rassure-toi ; ce monstre, malgré sa puissance, ne peut te fermer ces rocs entr’ouverts ; et le voyant écumer de fureur, il lui cria : « Tais-toi, loup infernal ; que ta rage s’assouvisse de tes propres entrailles : nous descendons vers l’abîme, et notre voyage est écrit dans ces lieux où Michel foudroya ta rébellion. »
À ces mots, le monstre s’abattit, comme la voile enflée des vents, qui tombe humiliée, si la tempête a brisé son mât.
Nous voilà au quatrième cercle. Nous voyons de plus près les gouffres où s’entassent les crimes du monde.
Ô justice du ciel ! quels trésors de vengeance et de douleurs se déployèrent devant moi ! Comment nos crimes peuvent-ils les épuiser encore !