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Adolphe.

Pardon !… Étant donné certain état d’âme.

Irène.

Parfaitement. Étant donné certain état de cœur, le plus fier et le plus sérieux d’entre vous devient la dupe la plus facile…

Adolphe.

De votre perfidie. Et cela vous fait rire !

Irène.

Si cela nous amuse, je crois bien. Vous êtes si drôles avec votre mine piteuse de brebis tondues, de martyrs sans espoir.

Adolphe.

Pauvres nous !

Irène.

On vous maltraite, on frappe à tour de bras et vous n’en courbez toujours que plus la tête. Vous prenez des airs désolés et l’on croit que vous allez vous mettre à pleurer. C’est d’un comique ! Si vous aviez seulement la pensée de vous redresser, de parler avec dignité, d’un accent noble et mâle de ressaisir tout d’un coup votre gravité d’homme. Oh ! alors les rôles changeraient bien vite, mais il n’y a pas de danger… Aussi longtemps qu’il y aura de jolis grands garçons follement épris de méchantes fillettes… Tant que le monde sera monde, les choses iront ainsi !