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lent, effacent, anéantiſſent pour jamais un Volume de vos ſophiſmes.

La petite lettre qu’il vous a écrit a furieuſement diminué la réputation de vôtre long diſcours ſur l’inégalité des conditions. C’eſt donc un homme à ménager que M. de Voltaire, quoiqu’il ne vous ait rendu d’autres ſervices que de vous éclairer malgré vous, ſi vous étiez aveugle de bonne foi.

M. de Crebillon toujours pacifique & content de ſa réputation, laiſſe la Critique aller ſon train, ſûr que vous n’ébranlerez pas ſon Stoïciſme, vous appuyez un peu plus effrontément ſur ſon compte.

Je le connois par quelques uns de ſes amis, je ne l’ai vû qu’une ſeule fois pour en recevoir une réprimande, & vous ſaurez bientôt pourquoi, cette réprimande n’a fait qu’ajouter à l’eſtime que j’ai conçue pour lui & que tous les honnêtes gens lui doivent. Je ſuis donc bien éloigné d’attaquer ſes ouvrages ſous prétexte du bien public, & n’eſt il pas honteux pour un Philoſophe comme vous, qu’un Comédien lui donne l’exemple de la probité : quand bien même les ouvrages de M. de Crebillon ſeroient ſuſceptibles de la groſſiere ſatire que vous en faites, étoit-ce à vous de la faire ?

Vous n’avez jamais vû qu’une fois l’Auteur d’Atrée & de Catilina, & ce fut pour en recevoir un ſervice : vous eſtimez ſon génie & vous reſpectez ſa vieilleſſe ; mais quelqu’honneur que vous