Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ble qu’il voyoit repréſenter, lorſqu’il entendit Atrée prononcer ce vers qui vous choque ſi fort & par lequel il s’applaudit du ſuccès de ſes crimes, nôtre homme dis-je, ſe leva tout à coup avec fureur en criant : donnez moi mon fuſil que je tuë ce B. là.

Vous jugez bien qu’une pareille ſcene fit oublier la cataſtrophe à tous les autres Spectateurs & que bien en prit aux Acteurs que le vers qui mettoit le Capitaine en fureur étoit le dernier de la piéce, car ils auroient eu peine à reprendre leur ſérieux après une pareille ſaillie.

Il faut peut-être des exemples plus généraux pour vous convaincre. Allez M. à la Comédie la premiere fois qu’on jouera cette piéce, ne vous occupez nullement du ſpectacle, donnez toute vôtre attention aux Spectateurs, & vous jugerez par les épithétes dont ils honnorent Atrée preſqu’à chaque vers qu’il prononce, de l’effet que produit en eux ſon caractere.

Je vous réponds que vous ſortirez du ſpectacle bien convaincu, que perſonne ne croit devoir reſſembler à Atrée parce que ce monſtre jouit du prix de ſes forfaits.

S’il vous faut abſolument cette expérience pour juſtifier M. de Crebillon dans vôtre eſprit, il ſera peut-être plus aiſé de juſtifier M. de Voltaire, vous paroiſſez un peu plus de ſes amis, ou plutôt vous feignez de l’être. Quatre goutes d’encre de ſa plume barbouil-