Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
L. H. DANCOURT

en politique qui veut transformer le François enjoué, poli, ſournis, & fidele en Républicain dur & féroce ? Apôtre ſecret de la turbulence Anglicane, ne ſeroit-il point le précurſeur d’un nouveau Cromwel ; un pareil homme me paroit bien plus mépriſable & plus dangereux qu’un Comédien.

Je pourrois emploier en faveur de ma profeſſion tous les argumens invincibles contenus dans la lettre d’un Théologien à M. Bourſault, qui lui demandoit ſon avis ſur les ſpectacles : pour éviter la prolixité j’y renvoie le lecteur & vous auſſi. Vous ſerez un novateur bien opiniâtre ſi cette lettre ne vous impoſe pas ſilence & ne vous convertit pas.

CHAPITRE VI.

Où l’on examine ſi le Bal public propoſé par M. Rouſſeau ne ſeroit pas plus préjudiciable aux mœurs de Genêve, que le ſpectacle qu’il proſcrit..




Combien vous vous ſeriez épargné de peine M. ſi vous vous en étiez tenu au ſeul obſtacle que vous pouviez oppoſer raiſonnablement à l’établiſſement de la Comédie Françoiſe à Genêve : il vous a fallu ſuer pour entaſſer un nombre d’invectives ſuffiſant pour faire un volume : il vous a fallu gagner des migraines à faire des calculs graves & politiques auſſi faux que les principes qui vous les ont fait entreprendre. Tout ce travail vous auroit paru de trop, ſi vous aviez été bien