Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
L. H. DANCOURT

fon, je me ſuis toujours piqué de n’y être que raiſonnable, & je ne me ſuis point apperçu que cela les ait refroidi à mon égard.

Quant à quelques idiots de Bourgeois, n’allez pas vous imaginer que moi ni aucun de mes conſorts, qui penſent à ma maniere, ſoions bien mortifiés de ce qu’ils ne veulent pas nous admettre à leur potage : bien loin de regretter leur ſoupe, je ne leur offrirois pas la mienne ; & je connois tel Notaire, tel Eccleſiaſtique, tel Bijoutier en vogue, tel riche Négotiant, tel Sousfermier & tel Fermier général chez qui je rougirois toute ma vie d’avoir dîné. Il y a pourtant de prétendus grands Philoſophes qui ne dédaigneroient pas d’être en liaiſon avec eux. Ils peuvent penſer de moi tout ce qu’ils voudront & dire de moi tous enſemble ce que j’aurai le plaiſir de dire moi ſeul de chacun d’eux en particulier. Et que m’importe à moi qu’un faquin me mépriſe.

On doit ſe faire honneur quand on eſt raiſonnable, du mépris de trois ſortes de gens, des coquins, des Catins, & des ſots.

Je ne voudrois pas qu’on s’imaginât ſur ce que je viens de dire que je mépriſe la Bourgeoiſie en général ; je ſais combien cette claſſe renferme de bons citoiens, de gens vertueux & reſpectables.

Je ſais que le Cabinet de beaucoup de Négotians eſt l’azile de la bonne foi, & que beaucoup d’entre eux partagent le zele patriotique avec nos plus braves Guerriers.

Un Roux de Corſe eſt aux yeux des ſages