aux amuſemens qui ſuivront le deſſert : vous pouvez penſer de ces Grands là tout ce qu’il vous plaira ; mais ceux qui invitent auſſi bien les Comédiens que les Comédiennes, dont la table eſt toujours environnée de Dames vertueuſes & d’hommes reſpectables, n’ont aſſurément pas le même objet que les premiers lorsqu’ils admettent un Acteur ou une Actrice célèbres à ce Cercle. L’accueil qu’ils font à un Comédien, eſt un hommage qu’ils rendent à des talens diſtingués. Ne croiez pas que ce ſoit pour égaier l’aſſemblée ; cela ſeroit bon ſi tous les Comédiens avoient l’hilarité d’un Armand, d’un Poiſſon, d’un Préville, ou d’un Carlin, mais un Baron, un Du fresne, un Grandval, un Saraſin, un Le Kain ne ſont pas plaiſans : c’eſt pourtant eux qui jouiſſent le plus ſouvent de l’honneur d’être admis à la table des Grands ; & par quelle raiſon ? Par la même qui y fait admettre un Crébillon un Voltaire, un Van-loo, un Bouchardon, un Rameau. Ces gens là ne ſont pas invités pour faire les plaiſans, c’eſt que l’amour propre eſt flaté du talent d’autrui, & que comme diſoit le généreux Montecuculli du grand Turéne : un grand homme fait honneur à l’homme, & qu’on ſe fait honneur à ſoi même en leur faiſant honneur.
Tenez par exemple : tout Arlequin que je ſuis, je ne ſuis plaiſant qu’au Théatre, & quoique des gens du plus haut rang m’aient fait l’honneur de m’admettre pluſieurs fois à leur table, ils ne m’ont jamais trouvé bouf-