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L. H. DANCOURT

tions des Piéces, les difficultés ſuggerées par la jalouſie, la malice, ou l’intérêt, diſputes de rôles, prétentions, &c.

On s’adreſſe dans certains cas à l’aſſemblée des Comédiens du Roi comme au Tribunal compétent : vingt déciſions différentes ſe ſuccedent tantôt en faveur de l’un tantôt en faveur de l’autre. Des Juges qui n’ont point de Code ſont rarement d’accord, les chambres de ce Tribunal ne font pas toujours asſemblées. Chacun des arbitres eſt ordinairement intéreſſé dans la queſtion : Juge & partie tout enſemble il prononce donc comme le veut ſon amour propre & ſon intérêt : chaque Senateur décide pour celui des deux plaideurs dont les prétentions ſeroient les ſiennes en pareil cas. Orgon de Paris décidera pour Orgon de province & Pasquin Préſident pour la ſemaine ſuivante décidera à ſon tour ſur la récrimination en faveur de Pasquin ſon Collegue. D’où l’on peut conclure que le même désordre regneroit à Paris qu’en province, ſi le nombre des ſujets & la ſubdiviſion des emplois ne levoit bien des difficultés, outre celles que l’autorité du Gentilhomme de la Chambre en exercice applanit ſur le champ. Pour diriger une Troupe de province comme celle de Paris il faudroit que celle là fut compoſée du même nombre de ſujets que celle ci & c’eſt ce qui n’arrive jamais. On ne peut donc pas s’autoriſer des uſages du Théatre de Paris, il eſt d’ailleurs aiſé de presſentir ſur les Arrêts d’un tel Aréopage qui