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Si une Baladine oſoit venir lutter de magnificence au Palais Roial avec des Princeſſes, ſi l’objet de ce faſte étoit d’y négocier plus avantageuſement ſa turpitude je voudrois qu’elle ne ſortit de la promenade que pour être conduite à St. Martin[1].

Voilà ſans doute un moien très efficace pour inſpirer le goût de la pudeur & de la modeſtie aux femmes de Théatre.

Si l’on pourſuivoit avec la même ardeur les vices des Comédiens, que tout libertin, tout ivrogne, tout joueur, tout fainéant fut privé de ſon emploi ſans eſpoir d’y rentrer, qu’il fut puni plus griévement ſi le cas y écheoit, ils s’obſerveroient forcément & la néceſſité de ſe conduire en honnêtes gens leur en feroit contracter l’habitude.

Mais on a la barbarie de les abandonner à ux mêmes, on n’a donc rien à leur reprocher car quelles fautes peut on imputer à ceux à qui l’on n’a preſfcrit aucuns devoirs.

C’eſt de la qu’il arrive que bien des Comédiens ſe conduiſent aſſés mal pour autoriſer le préjugé établi contre leur profeſſion, ils n’ont aucuns Chefs aſſés reſpectables en province pour leur en impoſer, ceux qui ſe mettent à leur tête ſont leurs égaux, & n’ont aucun titre pour leur commander. Quoique munis d’engagemens réciproques les contractans de part & d’autre ſe diſputent à qui en infirmera les clauſes, delà le déſordre dans les diſpoſi-

  1. * Priſon des femmes de mauvaiſe vie.