Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

procureront pas les bonnes fortunes d’Alain Chartier.

Je paſſerai légerement ſur les reproches que vous faites encore au Théatre, de porter les jeunes gens à mépriſer les vieillards, le Théatre n’apprend à mépriſer que les vicieux, & lorſqu’un vieillard eſt vicieux ſon âge n’eſt pas un titre qui doive le mettre à couvert du mépris ou du ridicule ; mais il eſt juſte de faire reſpecter & applaudir des vieillards tels que le Pere du Menteur, celui du glorieux, celui de l’enfant prodigue, de Zaïre, de Guſman, de Nanine ; auſſi le fait on : conſultez tous ceux qui ont lu les ſcenes de l’aimable vieillard : combien ne leur font elles pas regretter que M. Deſtouches ſoit mort avant d’avoir achevé de traiter cet admirable caractere.

J’ay trop bien démontré, je crois, que l’amour vertueux, que vous attaquez encore ici, étoit un ſentiment louable & très digne d’occuper la ſcene pour qu’il doit beſoin de plaider de nouveau la cauſe du Parterre à ce ſujet & juſtifier l’intérêt qu’il prend à Bérénice & à Zaïre : je rougirois pour lui s’il n’aimoit pas ces deux femmes adorables autant que vous lui reprochez de le faire.

Bien plus, il me ſemble qu’il ſeroit héroïque de préférer à l’Empire une femme vertueuſe comme Bérenice & Titus cedant à l’ambition plutôt qu’à une paſſion ſi légitime ſe dégrade à mes yeux.

Je me reprocherois comme un vice honteux de mon cœur d’être ſorti d’une repréſenta-