Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Apologiſte du ſpectacle, que d’amuſer par des paroles & des actions ingénieuſes qui délaſſent l’eſprit ; ce plaiſir eſt le plus louable lorsqu’il eſt accompagné de la part des acteurs & des ſpectateurs de cette vertu qu’Ariſtote nomme Eutrapélie vertu qui met un juſte tempérament dans les plaiſirs « . St. Bonaventure dit formellement : Les ſpectacles ſont bons & permis s’ils ſont accompagnés des précautions & des circonſtances néceſſaires, nos ſpectacles ſont dans ce cas, & je le prouverai : donc ſi quelque Barbare à qui l’on feroit la deſcription de nos ſpedacles, répondoit, les François n’ont ils donc ni femmes ni enfans ? le Barbare auroit tort, il ſeroit bien ſtupide ſi l’on ne parvenoit à lui faire approuver les motifs qui ont établi le ſpectacle François dans les Cours principales de l’Europe.

Ce ſpectacle eſt adopté en Allemagne comme en France, d’abord pour contribuer à l’éducation de la jeuneſſe ; en ſecond lieu pour occuper pendant deux ou trois heures du jour des libertins qui pourroient employer mal le tems qu’ils donnent à cet amuſement : en troiſiéme lieu pour procurer un amuſement honnête à des gens ſages qui fatigués de l’application que leurs emplois éxigent, ont beſoin de ranimer les forces de leur eſprit par un délaſſement utile à l’eſprit même. Demander ſi les ſpectacles ſont bons ou mauvais en eux mêmes, c’eſt faire une queſtion trop vague ; c’eſt examiner un raport avant que d’avoir fixé les termes. Point du tout : puiſque par le mot