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l’Arcadie Mad. de Tagliazucchi eſt métamorphoſée dans ce recueil en Bergere ſous le nom d’Oriana Ecalidea, la différence de genre & de ſtile que vous trouverez dans la Poëſie de ſon mari ſous le nom d’Alidauro Pentalide ne vous laiſſera pas ſoupçonner qu’il ait mis la main aux ouvrages de ſon épouſe qui d’ailleurs s’étoit déjà fait connoître avant que M. Tagliazucchi la connut & la recherchât.

Je ne me citerai point moi même quoique je vois travailler tous les jours cette ſavante Bergere, mon témoignage ne manqueroit pas de vous être ſuſpect : à ſon defaut, conſultez Modéne, Rome, Bologne, Veniſe, Vienne, Dresde & Berlin.

Vous entendrez dans tous ces lieux faire l’éloge le plus diſtingué des talens de Mad. Tagliazucchi, pour vous faire juger de ſes talens en peinture, puiſſe-t-elle ſe rendre au conſeil que je lui donne de faire paroître ſes ouvrages à Paris. Que ne pouvez vous voir au Salon du Louvre le ſuperbe tableau qu’elle travaille depuis trois ans & dans lequel elle s’eſt propoſée avec ſuccès, de donner à la migniature toute la force & l’énergie du deſſein & du coloris de la peinture à l’huile. Cet ouvrage ineſtimable, traité entierement à la pointe du pinceau, mais avec tant de délicateſſe que ce n’eſt qu’avec une Loupe qu’on peut juger de la longeur & de la délicateſſe du travail : cet ouvrage, dis-je, eſt déjà convoité par les amateurs Anglois ; mais la France n’a-t-elle pas un espéce de droit de réclamer