Je prévoyois ſon ſort, mon cœur y fut ſenſible :
Les Dieux ont ſecondé mes généreux projets,
Et la paix par mes ſoins règne ſur mes ſujets.
Eſt ce à toi d’adopter leur indigne caprice ?
Ton cœeur ne fait il pas me rendre mieux juſtice ?
Duſſiez vous me punir de ma ſincérité,
Sans crainte, je ferai parler la vérité.
Ce Peuple malheureux que des flatteurs perfides
Aiment à voir trembler ſous vos mains homicides,
Loin d’oſer murmurer des maux qu’il a ſoufferts,
Sembloit s’accoutumer ſous le poids de vos fers :
Le ſacrilege affreux, la flame & le carnage
N’ont ceſſé dans nos murs que par ſon eſclavage.
Quoiqu’il ait vû tomber ſes Autels & ſes Dieux
Prophanés par l’horreur d’un déſordre odieux ;
Quoiqu’il ait vu le ſang des enfans & des meres
Se confondre en coulant avec celui des peres ;
Quoiqu’il voie aujourd’hui ſes temples démolis,
Sous des débris affreux ſes Chefs enſevelis,
Les palais renverſés, les maiſons écraſées,