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pure dans George Dandin que dans le Bourgeois Gentilhomme, & pour en convaincre le Spectateur, il la lui expoſe dès les premiers mots de la piéce ; les voici ; c’eſt George Dandin qui parle.

Ah ! qu’une femme Demoiſelle eſt une étrange affaire, & que mon mariage eſt une leçon bien parlante à tous les païſans qui veulent s’élever au deſſus de leur condition, & s’allier comme j’ai fait à la maiſon d’un gentil homme &c. Avouez donc M. que ſi vous euſſiez porté de meilleurs yeux, ou plus de bonne volonté pour l’Auteur à la repréſentation de cette piéce vous auriez mieux ſenti ſon objet qui étoit d’avertir tous les roturiers opulens que leur richeſſe & leur vanité ne doivent pas les faire aspirer à des alliances nobles, s’ils ne veulent s’expoſer aux mêmes chagrins que le pauvre George Dandin. Cet avis eſt aſſurément charitable & fondé ; combien ne voit on pas de nos George Dandin de Finance ſe repentir vainement de n’en avoir pas crû Moliére ? Le Public rit de leur chagrin, & n’a-t il pas raiſon ? N’eſt-il pas amuſant de voir la vanité bourgeoiſe confondue par l’orgueil de la Nobleſſe ; cela ne juſtifie pas, j’en conviens, une femme qui cherche à déshonnorer ſon époux : mais Moliére a produit ce caractere par les mêmes motifs qui juſtifient MM. de Voltaire & de Crebillon dans les piéces de Mahomet & D’Atrée. Il met en Scene un caractére odieux qui fait rire, me direz vous ; ſans doute ; mais il faut diſtinguer. Ce n’eſt