étoient dévoués à une curioſité ſanguinaire, & au caprice le plus déteſtable. Il faut avoir le cœur bien corrompu, pour eſtimer les Catilina tels que M. de Crebillon & M. de Voltaire nous les repreſentent. Tel qui leur accorde ſa bienveillance en ſortant de la Comédie, ne mérite aſſurément celle de perſonne dans la ſociété.
Les anciens, dites-vous, avoient des Héros & mettoient des hommes ſur leurs Théatres, nous au contraire, nous n’y mettons que des Héros & à peine avons nous des hommes : mais les anciens faiſoient fort mal & nous faiſons fort bien.
Pour fortifier un jeune homme dans ſes exercices, pour le former & lui procurer la vigueur néceſſaire, on doit lui propoſer un but auquel il ne ſemble pas naturel qu’il puiſſe atteindre, afin qu’en multipliant ſes efforts & ſes tentatives, il acquere la force & l’adreſſe néceſſaire pour y parvenir dans la ſuite. Il eſt certain que trop de complaiſance pour ſa foibleſſe l’entretiendroit dans l’indolence & l’empécheroit de ſe fortifier ſuffiſament pour vaincre les difficultés qui lui ſeront propoſées dans l’âge viril, donc les anciens en ne montrant que des hommes ne pouvoient à peine faire que des hommes de leurs jeunes gens parce qu’il eſt rare qu’on s’efforce de ſurpaſſer ou même d’égaler ſon modele, au lieu qu’il eſt probable que nous faiſons des hommes, puis qu’en n’offrant pour modele que des Héros à nos jeunes gens, nous les mettons dans le cas de rougir