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COMÉDIE.

L’objet qui le premier ſe preſente à ma vûë
C’eſt vôtre fille en pleurs, interdite, éperduë,
D. Garcie auprès d’elle, & D. André, tous deux
L’épée en main.

D. FÉLIX.

L’épée en main.Comment ! quoi, ma fille avec eux ?
Qui les avoit chez moi fait entrer ?

D. JUAN.

Qui les avoit chez moi fait entrer ? Je l’ignore.

D. FÉLIX.

Ô fille impertinente ! & qui me deshonore !

D. JUAN.

Elle n’eſt point coupable.

D. FÉLIX.

Elle n’eſt point coupaHé, qui l’eſt donc !

D. JUAN.

Elle n’eſt point coupa Hé, qui l’eſt doncC’eſt moi,
Qui fis ſauver moi-même un Rival ſur ſa foi.
D. Garcie.

D. FÉLIX.

D. Garcie.Hé, pourquoi ſouffrir que D Garcie
À vos juſtes tranſports ait dérobé ſa vie ?

D. JUAN.

Pour éviter l’éclat, dans l’eſpoir qu’aujourd’hui,
Comme il me l’a promis, il m’attendroit chez lui,
J’en viens, il eſt ſorti.

D. FÉLIX.

J’en viens, il eſt ſorti.Mais D. André mérite
Qu’à même intention vous lui rendiez viſite.

D. JUAN.

Non. La premiere fois que je parus chez vous,
J’y vis ce D. Garcie, & j’en devins jaloux.
Je priai D. André que pendant mon abſence
Il obſervât ſes pas avec diligence :
Il l’a fait, il vit hier qu’auſſi-tôt qu’il fut nuit,
Mon perfide valet ici fut introduit.
Il entra, le ſuivit, plein d’ardeur & de zéle ;
Il le joignit enfin, & cet ami fidéle