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LA TRAHISON PUNIE,

FABRICE.

Et vous l’en croiriez, lui, c’eſt bien le plus grand traître,
Le plus grand chien qui ſoit dans Valence, peut-être.
Il paroît vôtre ami ?

D. JUAN.

Il paroît vôtre ami ?Oui.

FABRICE.

Il paroît vôtre ami ? Oui.C’eſt vôtre rival.

D. JUAN.

Quels contes.

FABRICE.

Quels contes.Je le ſçai, Monſieur d’original.
Il a depuis un tems, pour vexer D. Garcie,
Moins peut être par goût, que par bizarrerie,
À Leonor rendu des aſſiduitez
Mais depuis hier ſes feux paroiſſent augmentez.
Et s’il faut franchement dire ce qu’il m’en ſemble
Tout cela pour vous faire enrager deux enſemble.

D. JUAN.

Je vois peu d’apparence à ce que tu me dis ;
Et d’une autre beauté je ſçai qu’il eſt épris.
Nous l’avons vû.

FABRICE.

Nous l’avons vû.Monſieur, c’eſt une méchante ame.

D. JUAN.

Il nous a cette nuit menez chez une dame.

FABRICE.

Vous donnez-là dedans.

D. JUAN.

Vous donnez-là dedans.J’y donne ! pourquoi non ?

FABRICE.

À peine ſeulement en ſçavons-nous le nom.
Ce n’eſt que d’hier matin qu’il promit l’entrevûë,
Et jamais lui ni moi nous ne l’avions connuë.