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LA TRAHISON PUNIE,

D. JUAN.

Monſieur.Tu ne ſçais rien ? Jacinte, en conſcience ?
Si tu ne ſçavois rien, répondrois-tu d’avance ?

JACINTE.

Mais je ſçai ſeulement, Monſieur, qu’en bonne foi,
Ce que vous demandez eſt un ſecret pour moi.

D. JUAN.

Un ſecret ?

JACINTE.

Un ſecret ?Oüi, Monſieur,

D. JUAN.

Un ſecret ? Oüi, Monſieur,Non, non, parlons ſans feinte,
Leonor n’eut jamais de ſecret pour Jacinte.

JACINTE.

Leonor ? c’eſt l’eſprit le plus diſſimulé,
Jamais d’aucune choſe elle ne m’a parlé.

D. JUAN.

Je le crois ; mais Jacinte eſt pénétrante & fine,
Et dans de certains cas quelquefois on devine.
N’as-tu rien pénétré qui me regardât ?

JACINTE.

N’as-tu rien pénétré qui me regardât ?Non.

D. JUAN.

Il te faut, je le vois parler d’un autre ton.
Prens cette bourſe, prens.

JACINTE.

Prens cette bourſe, prens.Monſieur…

D. JUAN.

Prens cette bourſe, prens. Monſieur…Pren la, te dis-je.

JACINTE.

Oh ? Monſieur, je ſçais trop ce qu’un preſent exige,
Et ſi je l’acceptois…

D. JUAN.

Et ſi je l’acceptois…Il faudroit ſeulement
Que Jacinte avec moi parlât confidemment.