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7 octobre 1865, pour se rendre en Corée, il arriva le 19 du même mois à une maison de chrétiens, sur la route, pour se reposer et y attendre les lettres de Mgr l’évêque de Nanking, afin de se rendre au Léao-tong. Le 20, après dîner, il tomba soudainement malade. Un prêtre chinois, qui raccompagnait, lui donna l’extrême-onction, et une heure après il mourut. Deux messagers furent aussitôt expédiés : un pour le Chang-si, lequel nous apporta la fatale nouvelle ; l’autre pour Sivang, afin de l’apprendre à MM. les lazaristes et à M. Maubant. Nous ne savons pas encore ce que fera ce dernier ; nous nous attendons qu’il se dirigera vers la Corée. Mgr Bruguière avait prédit sa mort ; dans une de ses lettres, il nous écrivait : « Je mourrai dans une terre étrangère, en Tartarie. Que la volonté de Dieu s’accomplisse ! » Il avait assez souffert pour Jésus-Christ : il méritait de recevoir sa récompense. Nous avons la ferme espérance qu’il intercède maintenant dans le ciel auprès de Dieu pour la mission dont il était chargé.

« ✝ Alphonse de Donato, évêque de Caradre. »


Le 1er novembre, vingt-quatre jours après le départ de l’évêque de Capse, les courriers qui l’avaient accompagné revinrent à Sivang, et annoncèrent à M. Maubant la nouvelle de sa mort. Le missionnaire était resté dans ce village pour attendre l’occasion favorable d’entrer lui-même en Corée, car il aurait été trop dangereux pour deux Européens de voyager ensemble, et d’ailleurs, d’après les conventions faites par Mgr Bruguière avec les Coréens, ceux-ci ne devaient introduire qu’un missionnaire à la fois. Pénétré de douleur, mais habitué, en vrai missionnaire, à vouloir ce que Dieu veut, M. Maubant prit immédiatement sa résolution. Il était trop tard pour faire venir M. Chastan. Il partit donc seul par le chemin qu’avait suivi l’évêque de Capse, afin d’aller se présenter à sa place aux frontières de la Corée. Arrivé à Pie-li-keou, il se fit conduire aussitôt auprès du corps de Mgr Bruguière, qui n’avait pas encore été inhumé, et devant les dépouilles mortelles de ce saint évêque, il put répandre ses larmes et ses prières. Le 21 novembre, jour de la Présentation de la sainte Vierge, assisté du P. Ko, prêtre chinois de la mission lazariste, qui avait fermé les yeux à Mgr Bruguière. M. Maubant célébra les funérailles avec toute la solennité possible. Tous les chrétiens au village et des environs y assistaient. Le corps du vicaire apostolique fut inhumé dans une fosse creu-