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de l’arrondissement, les archers se sont arrêtés dans une auberge pour se rafraîchir. Un prêtre chinois, qui attendait l’occasion favorable, a profité de la circonstance pour les confesser ; trois ont reçu la communion. Le missionnaire aurait bien voulu les communier tous ; mais les satellites ont voulu continuer leur marche, et il n’était pas prudent de se trouver avec les prisonniers à leur arrivée.

« Il paraît que les premiers qui furent arrêtés au mois de juin, au nombre de douze, seront condamnés à un exil de dix ans. On ignore quelle sera la destinée de ceux qui ont été cruellement fustigés dans une petite ville voisine. Le mandarin qui les a fait tourmenter a été appelé par le vice-roi de la province ; on ne sait pourquoi.

« Les habitants de Sivang, et les missionnaires aussi, n’ont pas l’air de craindre. Quoique nous soyons presque au centre des endroits où la persécution est allumée, les chrétiens de ce pays-ci n’ont point interrompu la construction de leur église : elle est enfin achevée ; elle est belle pour un bourg si misérable ; peut-être l’est-elle trop. Un tel édifice, que l’on peut appeler à juste titre la merveille de cette partie de la Tartarie, pourrait bien attirer l’attention de quelque mandarin peu favorable au christianisme, et causer sa ruine et celle des chrétiens. Après Péking, Macao et le Fo-kien, je ne connais que Sivang qui ait un édifice public consacré au culte divin. Depuis quelques jours, nous nous trouvons huit missionnaires réunis à Sivang, savoir : un évêque européen, deux missionnaires aussi européens, cinq prêtres chinois, non compris bon nombre de catéchistes et quelques élèves du sanctuaire. En voilà plus qu’il n’en faut pour tenir un synode en forme.

« Aucun des courriers que j’ai envoyés au Léao-tong, pour me préparer un logement, n’est encore de retour ; cependant, à moins de quelque fâcheux accident, l’affaire devrait être terminée depuis longtemps, et mes courriers devraient être arrivés depuis plus de cinquante jours. L’argent qu’on m’avait envoyé par le Chang-si est parvenu heureusement entre les mains du vicaire apostolique de cette province. Ce prélat a eu la bonté de m’en prévenir ; il m’a fait dire de lui indiquer le moyen de me le faire remettre à Sivang. J’ai envoyé des gens pour le prendre et me l’apporter. Personne ne paraît encore. Un mois ou quarante jours auraient suffi pour aller et pour revenir : il y aura bientôt deux mois qu’ils sont en route sans que je puisse avoir de leurs nouvelles. Que la volonté de Dieu soit faite !