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expression, nous sommes attendris jusqu’aux larmes, convaincus que nous sommes qu’un pareil bienfait ne nous est accordé que par une faveur spéciale de Dieu, qui veut sauver toutes les âmes de notre royaume.

« Le moyen que nous mettrons en usage pour introduire l’évêque sera le même que nous avons employé pour le P. Pacifique. Cette année-ci, à la onzième lune, nous attendrons aux frontières, nous ferons nos efforts pour le faire entrer heureusement. Si le bon Dieu nous protège, ce qui est difficile ne sera point difficile, et ce qui est dangereux ne sera point dangereux.

« Prosternés aux pieds de Votre Sainteté, nous avons la confiance qu’elle daignera avoir compassion de nous, pécheurs que nous sommes, qu’elle priera sans interruption pour la paix de la sainte Église, l’extirpation des superstitions et la gloire de son nom dans la Corée, prêtant son secours à nous tous, afin que tous ensemble nous montions au royaume des cieux. Or, ne sera-ce pas là le plus grand des bonheurs ? Si, dans la suite, d’autres missionnaires européens désiraient venir en Corée, nous les recevrons volontiers pour glorifier ensemble votre nom. Nous serons fidèles à nos promesses.

« À Péking, dans l’église du midi (la cathédrale), le 19 de la première lune, l’an 1835 de l’Incarnation. Nous pécheurs, Augustin Liéou (Niou), Charles Tchao (Tsio), François Kin (Kim). »


« Quand mes affaires furent ainsi terminées, je m’occupai de celles de mes confrères. J’aurais désiré que nous pussions entrer tous les trois dans la même année : l’un à la neuvième lune, l’autre à la onzième, et le troisième à la troisième lune suivante ; ma demande ne fut point agréée. Joseph, qui était mon interprète, me répondit ainsi : « Les Coréens promettent de recevoir tous les missionnaires européens qui leur seront envoyés, mais ils n’en recevront qu’un à chaque fois, et seulement à la onzième lune, pour les raisons suivantes : 1o parce qu’à cette époque, le grand fleuve qui sépare la Tartarie de la Corée est gelé ; on le passe sur la glace ; 2o parce que c’est le temps où l’on porte le grand bonnet de poil qui couvre presque tout le visage ; 3o parce que dans les grands froids on ferme la porte de l’appartement où l’on loge, quand les voyageurs sont entrés ; par là, on est moins exposé à la vue des curieux et des importuns. Je n’ai point fait d’instances, parce que vous m’avez recommandé de leur laisser pleine liberté ; du reste, Mgr de Nanking m’a chargé de vous prévenir de ne