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Dieu, implorez le secours de sa sainte mère, de vos anges et des saints, et exécutez avec courage et confiance la généreuse résolution que vous avez prise. Il faut se confier en la Providence, mais il faut aussi l’aider ; elle ne fera rien sans nous. Confiez-vous entièrement à sa conduite, assurés que le bon Dieu terminera heureusement l’œuvre qu’il a lui-même commencée. Je vous envoie les cinq cents taëls que vous avez demandés, et les autres objets que Joseph vous remettra. Quant aux deux jeunes gens qui sont confiés au P. Pacifique, je veux qu’ils restent encore, jusqu’à ce que je sois entré. C’est à moi de choisir le lieu convenable pour les préparer au sacerdoce. S’ils sortent de la Corée sans mes ordres, ils ne seront jamais prêtres. Si les chrétiens du Léao-tong vous disaient que l’évêque de Capse ne pourra point entrer en Corée, parce que personne ne veut lui donner asile dans cette province, vous leur répondrez : Notre évêque n’a pas besoin de votre secours pour se rendre aux frontières, il saura se passer de vous. »

« Le 29 janvier, premier jour de l’an chinois, Joseph repartit pour Péking. Nous nous quittâmes, j’allais presque dire pour ne plus nous revoir. Peu s’en est fallu qu’il ne soit devenu victime de son dévouement, car il mit, à son ordinaire, un grand zèle et une activité singulière pour terminer heureusement cette affaire. Il partit au risque de ne trouver à se loger nulle part, car, à cette époque, personne ne se met en voyage, et toutes les hôtelleries sont fermées.

« Pendant son absence, je reçus des lettres de Macao, qui m’annonçaient la persécution du Tong-king et de la Cochinchine, et la mort du vénérable évêque de Sozopolis, Mgr Florent. Cette nouvelle aigrit encore la douleur que j’avais éprouvée quand je dus me séparer de ce respectable prélat, que je regardais comme mon père. Le souvenir de ses vertus et des bontés qu’il a eues pour moi me rendra sa mémoire toujours chère. Les chagrins que me causèrent tant de tristes événements arrivés coup sur coup, et l’inquiétude que me donnait une entreprise qui semblait presque désespérée, furent un peu adoucis par la nouvelle du glorieux martyre de notre confrère M. Gagelin, et par la réception du rescrit de la Propagande qui, daignant satisfaire vos vœux et les miens, confie définitivement la mission de Corée aux soins de notre Société.

« Le 7 février, l’affaire fut entièrement terminée à Péking. Joseph remit entre les mains des Coréens l’argent convenu, avec quelques effets ; et les Coréens lui donnèrent un habillement com-