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« Toutes les années on peut entrer à la neuvième lune, depuis le 6e ou 7e jour jusqu’au 12e ou 13e jour. La seconde fois on peut entrer à la onzième lune, depuis le 16e ou 17e jour jusqu’au 23e ou 24e. À cette dernière époque, on apporte à l’empereur les présents d’usage à l’occasion de la nouvelle année. Nous viendrons probablement dans ce temps-là. Quand vous serez parvenus à la porte chinoise, vous attendrez pendant quelques jours. Mais pourrez-vous attendre sans danger ? Nous espérons seulement que nous traiterons bien cette affaire. Il faut prendre les précautions nécessaires, afin de ne point causer de soupçons.

« L’an de Jésus-Christ 1835, le 23 de la douzième lune. »

« Augustin Liéou, Charles Tchao, François Kin[1]. »


« D’après la teneur de cette lettre et les colloques qu’ils ont eus avec d’autres personnes, je crois avoir des preuves certaines que les Coréens désirent m’introduire chez eux, ainsi que les autres missionnaires européens. Ils seraient au comble de la joie, s’ils pouvaient avoir et conserver un évêque sans danger, mais ils craignent de ne pas pouvoir surmonter les difficultés qui s’opposent à mon entrée, ils veulent me voir avant de s’aventurer, et de plus il me semble évident qu’ils ont été influencés. Aussi n’ont-ils donné qu’une promesse conditionnelle. Ce peut-être de mauvais augure diminue beaucoup mes espérances.

« Pendant les trois jours que Joseph passa avec nous, je répondis au P. Pacifique à peu près en ces termes : « Vous trouverez dans cette lettre la solution de tous les cas que vous avez exposés à Mgr de Nanking. Je vous envoie cent taëls (environ 700 francs). J’entrerai l’année prochaine en Corée. Je ne veux point que les jeunes élèves qui sont avec vous sortent de la mission avant que je les aie examinés. Le soin de choisir un lieu propre pour ériger un séminaire, me regarde exclusivement. Tâchez de soutenir les Coréens dans leurs bonnes résolutions ; réunissez vos efforts aux miens, pour les engager à remplir leurs promesses. »

« Je tâchai de ranimer encore le courage des Coréens. Je leur disais en substance : « Je suis au comble de la joie de voir que, fidèles aux lumières de l’Esprit-Saint, vous avez enfin ouvert les yeux sur vos propres intérêts. Mettez-vous sous la protection de

  1. L’original de cette lettre étant en chinois, les signatures sont transcrites d’après la prononciation chinoise. Ce sont les noms, bien connus de nos lecteurs, d’Augustin Niou, Charles Tsio et François Kim.